Voila mon 'aventure' indonesienne a commencé, pour l'instant je ne suis pas décue par le dépaysement ni les gens que j'ai rencontré.
Pour le coup, comme dirait un des mes collègues, je suis une aventurière, ou plutôt une pionnière. Bien sur je ne suis pas la première fille expatriée en Indonésie, mais en tout cas pour le boulot que je vais faire, si je ne suis pas la première, je n’en suis pas bien loin.
Pour l’instant le constat évident de mes premiers jours ici, c’est que cette expérience va être en tous points totalement différente de celle à Rio. Pour commencer l’arrivée : le boss du « Welltekindo Technical Center », ou JTC, est venu me chercher a l’aéroport avec son chauffeur et sa grosse voiture avec vitres teintées… plus confortable que le bus, de toute façon je ne suis pas trop sensée prendre le bus ici (déjà une aberration pour moi). Bref je ne vais pas me plaindre. Comme il faut aller dans le centre de Djakarta le lendemain (au siège de la boite) et que la maison ou je vais habiter est de l’autre cote de la ville, c’est plus simple de dormir a l’hôtel. Diner offert par Bruno (oui je vais pas continuer à l’appeler le boss, il est trop cool pour ca), merci ! Le lendemain c’est le premier aperçu de Djakarta, complètement un autre monde… la première chose qu’on remarque, a part qu’on est clairement pas en France ni même en Europe, c’est les embouteillages. C’est la folie, la ville s’est clairement développée anarchiquement et le pouvoir n’a pas réussi à suivre au niveau des routes. Il faut préciser que parmi les véhicules environ la moitié sont des motos, scooters et apparentés, certains tout pourris, d’autres un peu mieux. La palme revient aux petites motos perraves ornées d’un autocollant du style ‘addicted to speed’ ou ‘Goooooo !!!’. Sinon j’ai halluciné sur les petites voitures – tricycles, très colorées, ouvertes a l’arrière (photos à venir). Le bémol c’est le casque non systématique, il doit y avoir des accidents quand même. Surtout abusé quand on voit des gosses tout jeunes (voire des bébés) sur la moto avec les parents. Mais vu le manque de transports en commun, ca se comprend… Beaucoup de gens en deux-roues ont des foulards autour de la bouche et du nez, vu le nombre de véhicules on comprend.
Bref le premier jour j’ai rencontré les français de la boite, tous sympas même si un peu trop pressés de me faire partager leur vision du pays (j’ai envie de me faire ma propre opinion). Ensuite c’est les présentations au JTC, apparemment les Indonésiens vont avoir besoin d’un peu de temps pour s’habituer a moi, il faut dire qu’en plus d’être une nouvelle française je suis une fille et plus grande que la plupart ! Mais ils ont l’air curieux, pas du tout hostiles. Le boulot s’annonce bien, mais ca ne ressemble pas aux conditions françaises (les toilettes pour femmes sont a l’autre bout du site, fermées a clé par exemple, ou alors l’heure de la prière rythme le boulot pour certains). Ce que je ressens en tout cas du coté indonésien c’est une tolérance, en particulier au niveau religieux, même si il vaut mieux dire qu’on est chrétien plutôt qu’athée.
Je vais rester au bureau pendant un mois pour avancer un peu sur mon projet. Ca va commencer à être spécial sur les chantiers car comme je l’ai dit je suis la première fille qui sera formée par Geoservices pour ce boulot. Mais ca devrait bien se passer (j’espère).
En fait on n’habite pas à Djakarta même mais a Cikarang, à 20 km a peu près, tout près du bureau. C’est plus calme et moins pollué mais il y a moins de choses à faire. Et il faut plus d’une heure pour arriver à Djakarta même, à cause des embouteillages. Mais c’est la qu’on est bien contents d’avoir le chauffeur. C’est comme être dans le train par exemple sauf qu’il y a de la place et on va ou on veut exactement.
Sinon la ville est très dépaysante, j’ai eu l’occasion de la traverser pour des formalités administratives. J’ai déjà parle des embouteillages et des motos … Les gens ont un type physique très asiatique dans l’ensemble, mais ils ne sont pas tous « pareils » : il y en a des plus ou moins basanés, avec les yeux plus ou moins bridés… Partout il y a de petits chariots colorés qui sont des stands de bouffe locale (dangereux pour les intestins il parait), les commerces ont vraiment un style particulier, l’ambiance est difficile a exprimer. Par contre ce qui est facile a exprimer c’est la frustration que je ressens a tout voir a travers les vitres fumées de la voiture, de se faire conduire partout et d’avoir l’impression de toujours devoir rester dans les chemins balisés… mais ma visite aux bureaux de l’immigration m’a fait comprendre que les choses ne seraient pas aussi facile qu’au Brésil… je crois que beaucoup moins de gens parlent anglais et en plus on est tout de suite repérés en tant qu’étrangers, donc riches car soit expats soit touristes (quoiqu’a notre style c’est plutôt la première option qui prime). Les gosses sont marrants, ils nous regardent comme des attractions de foire, surtout à Cikarang (zéro tourisme).
Je n’ai pas trop vu de paysages encore, à part des bouts de ville. C’est marrant car j’ai parfois des impressions du Brésil, en particulier en ce qui concerne les bidonvilles, même si les briques rouges des indonésiens sont plus petites et que les conditions ont l’air encore pire.
Pour en revenir a mes ‘colocataires’, ils sont trois : le mec dont je parlais tout a l’heure, Clement, qui est notre supérieur direct. Il est sympa, même si je pense qu’on n’aurait pas été potes si on s’était rencontrés dans d’autres conditions. Le deuxième français, Jean, est dans le genre à donner des conseils tout droit sortis de son guide de voyage (j’ai le même merci) et si on l’écoute on ne fait rien ou presque qui n’a pas été auparavant testé et approuvé par lui. Mais il n’est pas méchant et même plutôt intéressant (ancien marin-pompier). Le 3e est Ignacio, un chilien un peu ouf sur les bords, c’est le ‘grand frère’, il aura 30 ans en mai. Mais il ne les fait pas et il est vraiment rigolo, et intéressant, on sent qu’il réfléchit beaucoup et prend le temps d’essayer de connaitre les indonésiens, bref il est très humain, dans le bon sens du terme.
Les premiers jours ont été assez calmes, boulot toute la journée, déjeuner avec Clement et Bruno (qui ont une tendance un peu trop marquée à parler boulot, apparemment c’est l’influence de Clement). Le soir on passe le temps « en famille », on papote, en anglais français et un peu espagnol. On rigole bien, surtout grâce à l’influence d’Ignacio, Jean et Clement sont plus posés. La maison est plutôt pas mal, grande, ma chambre est immense, avec une grande salle de bains, c’est super (c’est Bruno qui a décidé que je l’aurais mais je suis sure que les mecs me l’auraient laissée tellement ils sont gentils). Il y a une petite nana (Ikoum, la ‘maid’) qui est la pour nous faire a manger si on veut, le ménage et la vaisselle aussi. Au début ca m’a un peu choquée, je n’aime pas trop me faire servir, mais je crois qu’elle est contente avec ce boulot, et puis comme disent les autres, je dois attendre un peu et je vais m’habituer très vite. On va voir… mais je pense qu’ils ont raison. Et c’est une réflexion que j’ai déjà eu en France, ca serait même abuser que de ne pas avoir d’employés, vu ce que ca coute par rapport a ce que ca leur apporte.
Le premier week end a bien commencé, le vendredi soir petit resto-bar avec Bruno, Ignacio et Jean (Clement est parti en France entre autres pour se marier, il revient avec sa femme dans 3 semaines). Le bar s’appelle Aphrodite, c’est un endroit pour expats et riches Indonésiens. C’est marrant car c’est exactement le genre d’endroits que je fuyais au Brésil, mais en même temps comme me l’ont confirmé les mecs, je n’aurais rien à faire dans un bar populaire. Ce soir-la c’est soirée spéciale, il y a un tableau blanc ou on peut écrire son nom et un petit mot. Ignacio décline la proposition d’une hôtesse d’écrire, mais je l’engrène pour écrire de la merde. Ca donne « Viva la triple penetracion », signé Gilles (une blague entre Ignacio et Gilles, un français de la boite qui bosse au siège, très sympa aussi), j’écris « Gosto da punheta » signé Clement. Dans le bar on voit beaucoup de « vieux expats », 45-50 ans, des têtes de gens qui ont pas mal levé le coude pendant leur vie. Ils sont en groupe ou alors beaucoup sont avec des filles indonésiennes beaucoup plus jeunes. On ne va pas s’étonner…
On passe la soirée à discuter entre nous, c’est sympa, Bruno n’a pas de problème à passer une soirée avec nous même si on est plus jeunes que lui, mais pour recadrer il faut dire qu’il fait beaucoup plus jeune que son âge. Il est marrant car il est très cool, et en même temps on sent une personnalité intéressante, mais pas facile à comprendre. J’aime beaucoup Ignacio aussi, il m’appelle sa petite sœur. Je n’arrive pas trop à cerner Jean, il est posé, peut-être timide.
On ne rentre pas trop tard car les mecs ont formation de slickline le samedi matin et ca m’arrange car je suis crevée, trop d’émotions, de dépaysement et de nouveautés pour une semaine. La façon dont l’arrivée s’est faite, je n’ai pas eu beaucoup le temps de me poser pour réfléchir ou même ne penser a rien (je sais ca parait un peu contradictoire mais ca ne l’est pas tant que ca).
Le lendemain matin, quand je me lève les mecs ne sont pas la et je décide d’aller faire un petit tour a pied, mais ma clé ne veut pas ouvrir la porte d’entrée. Tout est fermé, j’arrive à sortir dans le jardin mais c’est à l’arrière de la maison et il faudrait escalader un mur. Je me dis que ca ne vaut pas le coup car ils devraient être de retour peu de temps après. J’échange quelques mots d’indonésien avec Ikoum la maid, elle part rejoindre sa famille (elle a deux enfants) pour le weekend, je lui donne un peu d’argent, je me suis laissé attendrir.
Ensuite on va manger au resto (vraiment pas cher, mais je vais essayer de ne pas en faire une habitude, tout est tellement gras) puis on part pour Djakarta, direction un quartier de centres commerciaux ‘spécialisés’, en l’occurrence on y va pour l’électronique. Sur le chemin on passe à coté de bidonvilles, ca a l’air plus dur que les favelas… et ca fait bizarre de passer a coté dans une grosse voiture avec chauffeur, je culpabilise encore plus que d’habitude.
Dans le centre commercial c’est un peu moins cher qu’en France, ca dépend des produits, mais je me suis acheté un appareil photo supplémentaire plus petit (Sony W-50) pour les photos de tous les jours et sur le terrain. C’est marrant, il faut marchander et je crois que j’ai eu des bons prix… pour une étrangère ! L’étape suivante était le Java Jazz Festival (Java est l’ile sur laquelle se trouve Djakarta). On a retrouvé Bruno la, et on a vu des concerts super, des très bons artistes, même si on ne les connaissait pas. Le moment rigolo de la soirée a été quand on s’est incrustés dans un espace VIP réservé aux managers d’Astro, une chaine de télé, grâce a Bruno (a son charisme si on l’écoute, en fait aussi grâce au manque d’assurance des hôtesses indonésiennes face aux expatriés). Justement il y a un petit malaise a ce niveau la, une sorte de rapport inégal qui s’est mis en place. On explique ca par diverses raisons, peu de temps d’indépendance donc une fierté nationale assez faible peut-être, la plus petite taille encore (peut-être), le fait que les étrangers amènent beaucoup d’argent et aussi parce que certains cultivent l’idée que les indonésiens leur sont inferieurs. Bref ce ne sont que des suppositions, je ne suis pas ici depuis assez longtemps pour tout analyser de manière objective.
La fin de soirée s’est passé au bar Los Amigos, bar mexicain dans le quartier diplomatique, diner sympa. Ahhhh je viens de voir passer un camion rempli de poulets entasses les uns sur les autres….. On parle beaucoup de grippe aviaire ici, ca a commencé dans le coin.
Samedi on est donc rentrés pas trop tard, on a encore eu une discussion intéressante avec Ignacio, et puis dodo. Le petit déjeuner a été pour nous un repas indonésien au centre commercial du coin, des brochettes de bœuf et du riz. Ensuite pour moi, direction Djakarta pour un petit tournoi d’ultimate, les gens étaient tous très sympas (j’en reviens à l’ instant ou j’écris), j’ai joué comme une merde mais après presque 6 mois (voire plus) presque sans sport, j’ai des excuses. Il y avait essentiellement des expats mais aussi des indonésiens, je me suis bien défoulée, j’y retournerai !!! Et normalement si le boulot le permet j’irai avec eux a un tournoi a Bali le week-end de Pâques.
Sinon spéciale dédicace a Antoine et Conight les motards, j’ai vu samedi soir une moto équipée d’un néon, et oui, rouge en l’occurrence. On en a rêvé pour vous, les Indonésiens l’ont fait !
Bisous a tous...
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